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CREATION 2022-23

A CHAQUE TRACE DE PAS, LE PRINTEMPS S'ALLONGE

Résidence de travail à la Ferme de Villefavard en Limousin (octobre 2022)

Résidence 1: octobre 2021

La Page St Julien/Chaudes-Aigues/Javols/

Château de la Baume

Résidence 2 : mai 2022

Cité de la Voix - Vézelay

Résidence 3 : septembre 2022

Ferme de Villefavard

Sopranos

Juliette de Massy

Julia Beaumier

Amélie Raison

 

Mezzos

Noémie Capron

Corinne Bahuaud

Anaïs Bertrand


 

Ténors

Clément Debieuvre

Vincent Lièvre-Picard

Fabrice Foison

 

Barytons-basses

Mathieu Le Levreur

Simon Heberle

Renaud Bres

Préparation musicale et mise en espace, Emmanuel Olivier

 

Direction artistique,

Juliette de Massy

La_Grande_Garabagne.jpg

NOTE D'INTENTION

 

Lorsqu’en 1570, rue des Fossés Saint Victor à Paris, Jean-Antoine de Baïf et Thibault de Courville créent la première l’Académie de poésie et de musique aux côtés de plusieurs compositeurs dont Claude Lejeune, ce n’est pas moins que le Parlement, l’Université et l’Église qui se liguent contre son ouverture. C’est que la volonté de ressusciter la rythmique antique en ce temps « si négligée et qui avait été mise par les anciens —Grecs et Latins— en telle perfection qu’ils en avaient fait des effects merveilleux » était bien subversive et révolutionnaire. On craignait que cette « entreprise tende à corrompre amollir, effréner et pervertir la jeunesse ».

 

Effréner la jeunesse et tout le monde avec elle, lui donner des ailes et faire tant de pas passionnés, des pas de géant en chantant pour que le printemps s’allonge de tout son long : c’est notre plus grand désir.

 

Ce programme se situe dans la continuité de notre travail autour de Josquin Desprez. Fort de notre grande et longue expérience auprès de la musique sacrée franco-flamande, nous explorons maintenant la musique profane avec des extraits tirés des 39 pièces qui constituent Le Printans de Claude Le Jeune, 2 à 8 voix solistes a cappella - chef d’œuvre choral et rythmique. Olivier Messiaen voyait en ce compositeur de la Renaissance un maître, tant de l’harmonie que de l’écriture polyphonique : c'est en 1948 qu'il écrit, en son hommage, une œuvre pour 12 voix solistes, ses Cinq Rechants. Couplets (chants) et refrains (Rechants) y alternent. La mélodie prend sa source dans le harawi ou yaravi, chant d'amour folklorique du Pérou, et dans l'Alba, chant d'aube du Moyen Âge.

Il en fait un espace d’expérimentation du rythme, de l’harmonie, de la danse, d’expression, de dialogue. Un lieu où la liberté se porte au-dessus du reste - des éclats de joie et de douleur mêlés, intenses et bouleversants, fragments de Jardin des délices.

 

L’alliage de ces musiques est aussi évident musicologiquement qu’il correspond artistiquement au cheminement de notre ensemble. La musique de Le Jeune est légère, presque pastorale et résonnera tout particulièrement dans les territoires où les airs traditionnels trouvent un écho. Notre envie de défendre des répertoires plus contemporains, de les donner à entendre et à voir dans la même physicalité et charnelité que la musique plus ancienne, trouve en Messiaen un mélange magnifique de poésie et d’ouverture au monde.

 

Il s’agit donc bien de réunir ces pièces en une seule création unique pour les éclairer mutuellement en portant au plus haut niveau musical et vocal ces répertoires. C’est par ce prisme que nous les travaillons. Nous les chantons, nous les dansons. Si nous les abordons avec la plus haute exigence au plus près de la partition, nous nous en séparons ensuite. Nous chantons par cœur, sans chef.fe, chaque chanteur pouvant déployer dans le collectif sa force et sa présence propre.

 

Nous voulons travailler à faire sentir, entendre et voir cette rythmique pleine d’énergie et de sensualité et expérimenter une forme de concert originale et une scénique dynamique où l’ensemble de chanteurs s’adresse à l’intimité de chaque auditeur en faisant résonner l’espace entier que nous partageons.

C'est un concert mis en espace et mouvant. Les pièces de Messiaen et de Lejeune se mêlent et s'éclairent par leur rapprochement. Au travers des siècles et rassemblées dans ce moment, elles se font écho les unes aux autres. Là, sonne un cri collectif cher à Messiaen, tout de suite après en réponse, deux voix seules commencent une chanson de la Renaissance puis revient le cri qui commence le Rechant I.

 

Les 12 solistes co-habitent avec les images de Valérie Jouve qui tentent d’incarner cette relation que nous pouvons tous sentir, entre l’espace et nos corps, entre le monde et nos vies. Là peut être un Personnage/Arbre, une créature, une architecture, un paysage. Prenant possession des espaces librement et non seulement frontalement, les chanteurs évoluent au gré des lieux, en complicité avec le public. Ainsi, ils ouvrent les portes de l'imaginaire, emmènent le public dans leurs "danses" et donnent à entendre la puissance musicale et vocale de ces immenses pièces du répertoire vocal ancien et moderne au plus haut niveau.

 

« L’unique façon de comprendre quelque chose au passé, c’est de comprendre qu’il fut lui aussi un maintenant ». La musique n’a que l’âge que nous lui donnons tant elle sait traverser la grande histoire et tant nous pouvons lui offrir une renaissance contemporaine : c’est dans l’ici et maintenant que nous la défendons.

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